Une histoire de Chine, Pearl Buck

4Titre : Une histoire de Chine

Auteur : Pearl Buck

Editeur : J’ai Lu

Année : [1962] 1977

153 pages

Note : 13/20

L’histoire : Dans un coin de Chine, deux prêtres américains voient arriver les soldats de la Révolution bien décidés à faire avouer aux prêtres qu’ils sont des espions. Le chef des soldats va violer une jeune fille à laquelle un des prêtres est attaché. Un bras de fer moral va se nouer entre les religieux et les communistes.

Ce que j’en pense : Comme Pearl Buck en a l’habitude, elle va bâtir son roman sur une opposition. D’un côté il y a les révolutionnaires communistes, endoctrinés, reniant ce qu’ils ont été parce qu’ils croient qu’un avenir meilleur est possible. De l’autre il y a les prêtres catholiques qui malgré une vie retirée du monde se retrouvent sans le vouloir plonger dans une réalité matérielle qui les dépasse, pour la quelle ils ne sont pas préparés.

Chaque camp est représenté par des personnages assez forts et complexes. Le père Fitzgibbon est très à cheval sur les principes, voit presque le péché partout, mais son emprisonnement va faire évoluer sa mentalité, il va perdre de sa rigidité, être un peu plus pragmatique. Le père O’Banion va être partagé tout le long du roman entre sa volonté de respecter ses vœux et l’attirance qu’il éprouvera pour la jeune Siu-Lan. C’est un personnage que j’ai trouvé intrigant dès le début, il introduit du burlesque avec sa relation avec sa âne plus que têtu, se laisse martyrisé par son supérieur et peut d’un coup usé de violence contre ceux qui malmèneraient son supérieur. Ho-San peut être assez rapidement considéré comme le méchant : imbu de son autorité et de son pouvoir, prêt à utiliser la torture pour arriver à ses fins.. Mais il change lorsqu’il découvre son fils, fruit d’un viol. C’est peut-être cet optimisme un peu trop gros qui m’ennuie dans ce roman. Tout homme même s’il a commis des actes répréhensibles peut encore avoir en lui de la bonté. C’est pour moi une morale un peu trop chrétienne. C’est dommage d’avoir fini sur ça alors que j’avais plutôt apprécié les rapports complexes entre les personnages.

Vent d’Est, Vent d’Ouest, Pearl Buck

Titre : Vent d’Est, Vent d’Ouest (East Wind, West Wind)

Auteur : Pearl Buck

Editeur : J’ai Lu

Année : [1930] 1970

247 pages

Note : 13/20

L’histoire : Une jeune fille d’une famille aristocrate chinoise est promise en mariage à un garçon d’une famille de la même classe. Mais ce garçon a fait ses études en Occident et a adopté les mœurs occidentales. La jeune fille va avoir du mal à s’habituer au caractère et aux exigences de son mari.

Ce que j’en pense : Vent d’Est, Vent d’Ouest est le premier roman écrit par Pearl Buck, une occidentale qui aura vécu une grande partie de sa vie en Chine. Avec ce premier roman, elle décrit les membres d’une famille traditionnelle au sein de laquelle certains décident d’adopter les mœurs occidentales. Les anciens, attachés aux traditions et aux superstitions, ne comprennent pas ce que peut apporter la science occidentale, ne comprennent pas que l’on peut se marier par amour. Pour eux, les occidentaux ne sont que des barbares à la peau pâle et aux traits disgracieux. De l’autre côté les jeunes chinois qui veulent adopter l’esprit de la modernité ne comprennent pas ou plus des traditions comme le bandage des pieds ou les mariages arrangés.

Au début c’est dur d’avoir de la sympathie pour la narratrice. Son mari veut la sortir d’un certain carcan mais elle, elle ne comprend pas ce qu’il lui veut. Moi je ne peux être que partisan de son mari, alors oui c’est difficile de comprendre son désarroi.

Pour ce roman je retiendrai pas forcément la difficulté pour la narratrice à me transmettre une émotion même si vers la fin, grâce à l’histoire de son frère, il y avait de quoi être touché. Je retiendrai plutôt la confrontation très bien décrite entre une Chine attachée à ses traditions, très conservatrice, et une Chine qui se tourne vers d’autres horizons et vers l’avenir. Cette confrontation sera un thème récurrent dans les romans de Pearl Buck.

Animal du coeur, Herta Müller

animal du coeurTitre : Animal du coeur

Auteur : Herta Muller

Edition : Gallimard

Année : 2012

231 pages

Note : 4/5

L’histoire : Lola, une jeune Roumaine vivant sous la dictature de Ceaucescu, est à l’université. Brusquement elle se suicide. La narratrice, une de ses amies va essayer de comprendre son geste.

Ce que j’en pense : Pendant longtemps le récit  est sans précision géographique, sans précision de temps. Ce n’est qu’au deux tiers du roman que l’on apprend où se déroule celui-ci.

Herta Müller fait la description d’une société sans repères. Le dictateur n’est pas si présent que ça, l’autoritarisme est présent par le biais de la police qui arrête, interroge puis relâche, tout cela sans raison. La police est omniprésente dans le pays mais sûrement aussi à l’étranger quand on voit les « dissidents » (juste des gens ouverts sur l’étranger) mourant brutalement, souvent suicidés.

C’est une société où le sentiment historique semble peu présent: certains personnages ont dans leur famille un homme qui a fait partie des SS pendant la Seconde Guerre Mondiale et cela semble normal.

Malheureusement il faut connaître la vie d’Herta Müller pour comprendre que ce roman comporte une part autobiographique.

C’est une lecture exigeante mais le récit réaliste, décrivant la société roumaine sous le joug de Ceaucescu est prenant.

Dans le texte : La mort de Tereza m’a fait mal comme si j’avais eu deux têtes éclatant en même temps. Dans l’une, il y avait l’amour fauché, et dans l’autre, la haine. Je voulais que l’amour repousse. Il repoussa comme l’herbe et le foin, pêle-mêle : l’amour fut dans mon front, l’affirmation la plus froide. Ma palnte la plus nulle.