Le label N, Jess Kaan

le label nTitre : Le label N

Auteur : Jess Kaan

Editeur : L’atelier Mosésu

Année : 2013

258 pages

L’histoire : Luc Mandoline est croque-mort. Alors qu’il effectue un remplacement dans le Pas de Calais, il doit s’occuper du corps d’un homme déguisé en femme. Il va découvrir un monde de mensonges, de manipulation lorsqu’il va chercher à comprendre les zones d’obscurité entourant la vie du mort.

Ce que j’en pense : L’Embaumeur est un personnage de série comme Le Poulpe, des règles à respecter, de nombreux auteurs et une descente dans les travers de  la société.

C’est sûr que l’idée d’un croque-mort itinérant peut paraitre étrange mais c’est une fonction qui peut permettre d’être en contact avec une certaine réalité, avec des comportements transformant des personnes lorsque la mort est là.

Et puis l’Embaumeur n’est pas sans ressources, ancien légionnaire, des amis aux talents diversifiés et utiles. Mandoline est aussi très bien servi par le style sans fioritures et sans concession de Jess Kaan. C’est cru et direct, certaines scènes, certains dialogues, sont de véritables coups de poing en pleine figure. Les premières pages où Kaan décrit la région sont marquantes et tellement vraies quand on la connait.

Je trouve juste dommage d’avoir eu l’impression que le dénouement était vite plié, peut-être l’obligation  de faire tenir le récit dans un nombre de pages limité.

Le label N est un polar réaliste qui se lit en une seule fois car il y a un attrait pour cette part malsaine de certains personnages.

Dans le texte : L’inscription du bassin minier et de ses valeurs au patrimoine mondial de l’Unesco avait renforcé une nostalgie latente ici et dans toute la ceintures des communes rouges où le bleu marine affleurait désormais comme une alternative aux illusions dévoyées. Reconnaissance d’une classe ouvrière broyée ces dernières années à coup de plans sociaux, de conditions de vie dégradées, d’une précarité de plus en plus présente, de choix politiques désastreux, cette nomination avait l’insigne avantage d’exacerber la fierté d’une région à la dérive, faute de guérir ses maux.

Tourisme…Préservation de l’identité.. Patrimoine restauré. Le Louvre-Lens avec deux L majuscules à défaut de celle de l’envol : les perspectives développées par les médias faisaient -rêver. Mais dessinaient-elles l’avenir ?

Fissures, Jess Kaan

fissuresTitre : Fissures

Auteur : Jess Kaan

Editeur : Lokomodo

Année : 2012

336 pages

Ce que j’en pense : Découvert au détour d’une allée du Salon du livre de Somain en décembre dernier, ce recueil est certainement une très bonne découverte.

Jess Kaan, auteur du Nord (ça me permet de lire local) nous livre 15 nouvelles fantastiques. On y retrouve des éléments qui les ancrent dans une réalité géographique (carnaval de Dunkerque, les Flandres) et dans une réalité sociale (le gris du chômage, les kékés, leurs pouffes et leurs gosses aux prénoms tirés US). Mais à chaque fois dans le récit, il y a un basculement, une fissure, vers le fantastique. Et alors là on se retrouve avec différents thèmes : une revisite du mythe de Midas, des peurs d’enfance, des zombies transformés en arme, une Muse exigeante et destructrice.

A chaque fois il est un peu difficile de saisir le moment où l’on bascule vers le fantastique. Mais le style direct et les révélations propres à chaque nouvelle font oublier cette difficulté de perception.

Je suis content d’avoir lu ces nouvelles car certaines ont un retournement qui fait sourire en coin le lecteur. Je dois reconnaitre que certaines nouvelles me sont apparues assez obscures ou bien trop denses pour  le format de la nouvelle.

Jess Kaan est un auteur que j’ai apprécié lire et qui remet un peu le fantastique sur les rails où il semble être en souffrance face à la SF ou la fantasy.

J’ai vu qu’il devait être présent à Esquelbecq début juillet, j’espère pouvoir le rencontrer encore une fois.

Sans titre